Eupedia
Eupedia Guide de Belgique


Eupedia > Guide de Belgique > Toponymie belge

Les origines et la signification des noms de lieux belges

English version

Auteur: Maciamo Hay.

Introduction

Cette page retrace l'origine des noms de lieux en Belgique en analysant leurs racines et en utilisant des cartes anciennes et d'autres éléments historiques afin de déterminer quels noms sont d'origine celtique, latine ou germanique (franque ou saxonne). Les différents toponymes sont classés par catégorie, le plus souvent par préfixes et suffixes. Des cartes ont été crées pour faciliter la visualisation de la répartition géographique de chaque type de noms.

Les communes belges ont naturellement des dénominations différentes selon qu'elles soient situées dans la région néerlandophone, francophone ou germanophone. Mais l'histoire de la Belgique est relativement complexe pour sa taille. La plupart des noms ont en fait une origine germanique (même en Wallonie), et peuvent être divisés en régions très spécifiques correspondant aux comtés et duchés médiévaux.

Les toponymes flamands du Limbourg ne ressemblent guère à ceux de la Flandre occidentale, et ceux du Hainaut sont très différents de ceux de la province de Luxembourg. Les motifs toponymiques traversent toujours la frontière linguistique et tendent à se regrouper selon un axe nord-sud (par exemple les anciens comtés du Hainaut et de Flandre) plutôt que selon l'axe est-ouest. La répartition géographique des catégories de toponymes correspond également étroitement aux régions géologiques (Hesbaye, Condroz, Flandre Intérieure ...).

La similitude des noms entre l'ancien comté de Flandre et l'Angleterre laisse penser à une origine saxonne ou frisonne des Flamands. L'origine germanique de la majorité des toponymes wallons suggèrent que le nord de la Wallonie fut colonisé en grand nombre par les Francs, originellement issus des provinces du Limbourg et de Liège et qui se seraient étendus le long de la Meuse, de la Sambre et de l'Ourthe. La moitié sud plus vallonnée de la Wallonie, et particulièrement le Condroz et la Famenne, possèdent un plus grand nombre de noms de lieux d'origine gallo-romaine, ce qui correspond avec la plus grande densité historique de villas romaines.

Les variations toponymiques en Belgique sont en partie reflétées par les differences génétiques au sein de la population belge. Les études génétiques récentes montrent en effet que les Flamands de l'ancien comté de Flandre sont particulièrement proches des Anglais du l'est (East Anglia) et du sud-est de l'Angleterre, alors que les Wallons du Condroz et de la Famenne possèderait un pourcentage considérablement plus élevé d'ADN d'origine romaine que les autres Belges.

Index

Aperçu rapide des suffixes toponymiques courants en Belgique

Suffixes (anciens) originaux Variantes flamandes Variantes wallonnes
-baki -beek, -beke -becq, -bais, -baix
-berg -berg, -bergen -mont
-burg -burg -bourg
-heim -(h)em, -(h)am, -(h)om -hain, -han, -hen, -(h)em, -hin, -ghien
-hoven -hove, -hoven -court
-ing(en) -inge, -ingen -gnies, -gny, gné(e), -agne, -ange, -enge
-ingen, -iacas, -sia -sen, -zen -sé(e), -zé(e), -sies, -chies, -gies
-iacum -aken, -zeke, -ik, -ijk -ai, -ay, -ey, -et
-inas   -in, -inne(s), -enne(s)
-malho -maal -mal(le), mael, -meau
-munster -munster -ster
-rotha -rode, -rooi -rode, -raedt, -roux, -sart

Toponymie de Flandre & Bruxelles

Les suffixes en Flandre sont généralement les mêmes dans toutes les provinces. Leur étymologie est évidente puisque les mots n'ont pas changé en néerlandais moderne et sont assez similaires à l'anglais aussi. Les plus répandus sont -bos (bois, forêt), -berg(en) (mont), -broek (ruisseau), -burg (ville), -damme (barrage), -dijk (digue), -donk (tourbière, marais), -duin (dune), -hoek (coin), -out(en) (bois), -kamp (camp), -kapelle (chapelle), -kerk(en) (église), -laar/lare (bois marécageux), -loo (bois, bosquet) -munster (abbaye), -veld (champ) et -voorde (gué).

Les colonies gallo-romaines avaient des suffixes en -acum, qui en néerlandais modernes sont devenus -aken (comme à Montenaken), -ake (par exemple Semmerzake), -eke (Kemzeke), -ik (par exemple Doornik) ou -ijk ( par exemple Kortrijk).

La province orientale d'Anvers a la particularité d'avoir beaucoup de noms en -hout et -donk. La Flandre occidentale a une abondance de -kerk et -kapelle (surtout le long de la côte).

Quelques suffixes flamands ont des variantes régionales d'orthographe: -beek/beke, -laar/lare et -daal/dael/dale. Les noms en -beke, -dale et -lare se retrouvent dans l'ancien comté de Flandre (provinces modernes Flandres orientale et occidentale), ceux en -beek, -laar et daal dans l'ancien duché de Brabant (Bruxelles, Brabant flamand et Anvers) et dans la province du Limbourg. Les noms en -dael se trouvent principalement autour de Bruxelles et peuvent aussi être orthographiés -daal.

Le suffixe -daal/dael/dale/dal est le mot flamand/néerlandais pour "vallée". C'est l'équivalent de l'allemand -tal ou -thal (comme dans le Néanderthal ou l'Emmental). Le suffixe -dale existe aussi en Angleterre et en Écosse (par exemple Boningdale, Bowderdale, Buntingsdale, Grinsdale, Lingdale, Spinningdale, Sunningdale). Le mot dale est utilisé dans certains dialectes anglais comme un synonyme de vallée, et est le plus célèbre utilisé dans "Yorkshire Dales". L'orthographe en Flandre occidentale (la plus proche de l'Angleterre) est la même qu'en anglais, tandis que la variante orientale et la forme courte sont plus proches de l'allemand. La région centrale du Brabant compromise avec l'orthographe intermédiaire -dael, mais utilise parfois -daal aussi.

La terminaison -beek/beke vient du mot flamand pour ruisseau ou petite rivière et vient du vieux mot allemand baki, qui donna "Bach" en allemand moderne. Le mot "beck" existe également quelques dialectes régionaux de l'anglais britannique. Les noms de beek/beke se trouvent partout en Flandre. On les trouve occasionnellement en Wallonie sous le nom de -becq, -bais ou -baix, bien qu'ils soient confinés à la frontière occidentale avec la Flandre. (voir ci-dessous).

Les suffixes -g(h)em et -(h)em correspondent à l'anglais -gham ou -ham (par exemple Birmingham, Cheltenham, Clapham, Nottingham, Rotherham, Wrexham). Ils dérivent du vieil allemand heima (qui est devenu -heim en allemand moderne) signifiant maison, propriété ou hameau (un mot français qui a d'ailleurs la même origine). Le mot anglais "home" a la même racine. Les -gem sont beaucoup plus répandus dans la partie occidentale de la Flandre (l'ancien comté de Flandre). Sa présence de l'autre côté de la mer du Nord suggère une origine saxonne ou frisonne plutôt qu'une origine franque. Le -em se trouve partout en Flandre, mais plus dans les régions du centre et du sud. Bien que les noms flamands modernes aient perdu le "h" dans "hem", il survit dans l'orthographe française dans les régions bilingues comme à Bruxelles ou en Flandre française (par exemple Crainhem pour Kraainem, Auderghem pour Oudergem, Ophem pour Oppem).

Cliquez ici pour voir la carte de répartition des lieux en -gem

Exemples

  • -gem : Aaigem, Affligem, Alveringem, Anzegem, Avelgem, Baaigem, Baardegem, Balegem, Bavegem, Beerlegem, Beigem, Bekegem, Bellegem, Bontegem, Dentergem, Desselgem, Diegem, Edegem, Eedegem, Eernegem, Egem, Elsegem, Eppegem, Erembodegem, Erondegem, Ettelgem, Evergem, Gijzegem, Gijzelbrechtegem, Gullegem, Hekelgem, Heldergem, Hemelveerdegem, Hillegem, Ichtegem, Iddergem, Idegem, Ingooigem, Izegem, Kanegem, Kiezegem, Kobbegem, Kooigem, Krokegem, Landegem, Ledegem, Leeuwergem, Leupegem, Lovendegem, Maldegem, Markegem, Meigem, Meuzegem, Millegem, Moregem, Neigem, Nossegem, Oelegem, Oeselgem, Okegem, Ooigem, Oordegem, Ottegem, Ottergem, Oudegem, Oudergem, Ouwegem, Peizegem, Petegem, Relegem, Ressegem, Rollegem, Snellegem, Stasegem, Tiegem, Veldegem, Vlissegem, Vloerzegem, Volkegem, Walsegem, Wannegem, Waregem, Wevelgem, Wijnegem, Wippelgem, Wommelgem, Wondelgem, Wontergem, Wortegem, Woubrechtegem, Wulveringem, Zeldegem, Zerkegem, Zevergem, Zingem, Zomergem, Zottegem, Zwevegem
  • -em : Beernem, Beisem, Bellem, Berchem, Bertem, Boorsem, Boutersem, Breisem, Brustem, Eichem, Gotem, Gottem, Herdersem, Kachtem, Kattem, Kerkem, Kraainem, Loppem, Merchtem, Merksem, Oedelem, Oppem, Pittem, Rossem, Rotem, Stokkem, Veltem, Vossem, Westrem, Wolvertem, Zaventem, Zegelsem, Zelem, Zichem
  • -beke : Aalbeke, Beke, Borsbeke, Bruinbeke, Harelbeke, Holebeke, Jabbeke, Lebbeke, Lebeke, Lembeke, Merelbeke, Meulebeke, Moerbeke, Oostrozebeke, Rumbeke, Schendelbeke, Vrijsbeke, Wachtebeke, Wambeek, Wielsbeke, Zonnebeke
  • -beek : Bierbeek, Boortmeerbeek, Borsbeek, Dilbeek, Etterbeek, Everbeek, Holsbeek, Hombeek, Humbeek, Itterbeek, Lombeek, Loonbeek, Linkebeek, Lubbeek, Molenbeek, Opglabbeek, Schaarbeek, Sterrebeek, Vlezenbeek, Wezenbeek
  • - lare : Aspelare, Berlare, Beselare, Bottelare, Buntelare, Edelare, Knesselare, Koekelare, Mespelare, Nederboelare, Overboelare, Pollare, Roeselare, Varsenare,
  • - laar : Artselaar, Berlaar, Bokslaar, Doornlaar, Everslaar, Hallaar, Lanklaar, Meerlaar, Mellaar, Remersdaal, Rotselaar, Vorselaar, Vosselaar
  • -dale : Bloemendale, Onderdale, Passendale, Wijnendale
  • -dael : Boondael, Cleydael, Planckendael
  • -daal : Armendaal, Leefdaal, Mollendaal, Roosdaal, Rozendaal, Scheepdaal, Zutendaal

Suffixes spécifiques à la province du Limbourg (région de Hesbaye)

La province du Limbourg a des noms de lieux très différents des autres provinces flamandes. C'est probablement parce que la région était autrefois le comté de Looz, une partie de la principauté allemande de Liège, qui n'a jamais appartenu aux Pays-Bas bourguignons, espagnols ou autrichiens. Les villages et villes de Hesbaye en particulier dans le sud du Limbourg (aussi loin au nord que Hasselt) ainsi que dans la partie orientale de la province de Brabant flamand (autour de Tirlemont, mais parfois aussi loin vers l'ouest que Louvain), ont des noms se terminant par -maal, -om, -ken et -zen, qui sont absents du reste de la Belgique (avec quelques exceptions pour -maal).

Les noms dans -hoven et -rode se trouvent presque exclusivement dans le Limbourg. Les localités adjacentes à la frontière linguistique avec des noms en -hoven sont toujours traduites par -court en français, ce qui est logique comme hoven vient de hof, qui signifie "cour" (épelé court en ancien français et en anglais). Les suffixes d'origine franque sont également beaucoup plus répandus dans la province du Limbourg, ainsi que le long de la frontière avec la Wallonie. (voir les noms en -agne, -gnée, -gny et -gnies ci-dessous)

Étymologie

Le suffixe -om est une corruption du suffixe -heim/hem. Par exemple, Gingelom était à l'origine Gingolonham au 10ème siècle. Ceci est encore mieux illustré par l'évolution de Binkom, qui fut mentionnée pour la première fois en 1146 sous le nom de Beinchem, puis changée en Benchem (1159), Benkem (1218) et Binchem (1220). Il y a une tendance à changer les voyelles en "o" en Hesbaye. Burg Loon (à l'origine Lauhun), l'ancienne capitale du comté du même nom (Loon étant Looz en français), s'appelle maintenant Borgloon. Le nom néerlandais de Waremme, à quelques kilomètres au sud, est Borgworm. Il y a aussi Borgharen près de Maastricht.

L'étymologie de -maal/mael est incertaine, mais elle pourrait provenir du terme proto-germanique malo signifiant «sac» ou, en tant que toponyme, se référer à une dépression géogarphique. Rode vient du vieil allemand rotha, qui signifie «terre défrichée» (pour l'argiculture). Il est parfois aussi orthographié -rhode et -rooi(e).

Le suffixe -ken dérive du latin -acum, qui était le nom obligatoire pour les villes ou villages enregistrés.

Notez que -maal et -zen ont des équivalents wallons en -malle et -zée/chies. Rode est soit devenu -roux/-rode/-raedt/-rath (au nord-est de la province de Liège) soit traduit en français par -sart (notamment près de Luxembourg). La distribution de ces suffixes (surtout autour de Landen et de Liège) suggère clairement une origine franque (carolingienne).

  • -(h)oven : Attenhoven, Bommershoven, Booienhoven, Egenhoven, Engelmanshoven, Goetsenhoven, Guigoven, Gussenhoven, Gutschoven, Kerkhoven, Koekhoven, Kuttekoven, Mazenhoven, Mettenkoven, Nieuwenhoven, Oosthoven, Raatshoven, Romershoven, Rijkhoven, Schalkhoven, Vroenhoven, Wintershoven, Zonhoven
  • -ingen : Berlingen, Beringen, Bovelingen, Budingen, Buvingen, Geistingen, Hoepertingen, Kuringen, Mopertingen, Piringen, Rapertingen, Riksingen, Rukkelingen, Vlijtingen, Vrolingen, Willebringen, Wimmertingen
  • -maal : Doormaal, Exemaal, Halmaal, Horpmaal, Orsmaal, Vechmaal, Vliermaal, Watermaal, Wezemaal, Wijchmaal, Wijgmaal
  • -rode/rooi : Attenrode, Gelrode, Gruitrode, Gobbelsrode, Haasrode, Herkenrode, Kinrooi, Meyerode (Meyrode), Nieuwrode, Rijnrode, Sint-Agatha-Rode, Sint-Genesius-Rode, Sint-Pieters-Rode, Waanrode, Westrode
  • -om : Babelom, Bergom, Betekom, Bevekom, Binkom, Blekkom, Broekom, Erpekom, Gingelom, Heukelom, Kerkom, Miskom, Webbekom, Wommersom
  • -(a)ken : Alken, Lanaken, Kortenaken, Montenaken, Tereiken, Vissenaken
  • -zen : Bilzen, Eigenbilzen, Grazen, Kozen, Munsterbilzen, Muizen, Sluizen

Cliquez ici pour voir la carte de répartition des endroits en -maal and -hoven

Cliquez ici pour voir la carte de répartition des endroits en -inge(n)

Toponymie de la Wallonie

Les noms de lieux en Wallonie ont généralement des origines franques ou gallo-romaines. Les noms germaniques ont plus muté en Wallonie qu'en Flandre au fil du temps. Les cartes de la Renaissance montrent que de nombreuses orthographes étaient très différentes à l'époque, avec des noms nettement plus germaniques que maintenant. Juste pour prendre quelques exemples autour de Dinant, Adrehan a évolué en Dréhance, Ahen est devenu Anhée, Eywart fut transformé en Yvoir, Rulen est devenu Rouillon (un autre Rulen près de Ciney est devenu Reuleau) et Maulen s'appelle maintenant Maillen. Certains villages se sont débarrassés complètement de leur ancien nom. Wihogne était autrefois connu sous le nom Neudorp, Hannut était Dabor, et Nandrin était Ernau.

Il y a plusieurs villes appelées Marche en Wallonie. Les noms viennent du latin marca, qui fut utilisé pour marquer la frontière de l'empire romain. Le terme fut repris par les Francs comme marka pour désigner la frontière entre les principautés, les duchés et les comtés. Marche-en-Famenne était à la frontière de la Principauté de Liège et du Comté/duché de Luxembourg; Marche-les-Dames et Marchovelette marquaient la limite entre Liège et le comté de Namur; et Marche-lez-Ecaussines la limite entre le comté de Hainaut et le duché de Brabant.

Les endroits avec "ville" ou "villers" dans leur nom (par exemple Noville, Neuville, Villers-la-Ville, Bois-de-Villers ...) sont généralement liés au site d'une ancienne villa, soit gallo-romaine ou franque. Au Luxembourg et dans le sud-ouest de l'Allemagne, la villa latine devint le suffixe "-weiler".

La plus grande diversité des suffixes en Wallonie facilite leur catégorisation par région par rapport à la Flandre. Par exemple, les noms dans -sart et -ange sont très répandus dans la partie sud de la province de Luxembourg. Dans la région de la Hesbaye (entre Namur et Liège, au nord de la Meuse), de nombreux noms de lieux commencent par War- ou se terminent par -effe, -mal(le) ou -hen/hain. Dans l'ouest du Hainaut, la majorité des lieux portent des noms finissant par -ies, ce qui est rare ailleurs. La province de Namur fourmille de terminaisons en -inne et -enne. L'est de la province de Liège est unique pour ses suffixes -ster.

Les noms germaniques en Wallonie

Les suffixes toponymiques d'origine germanique les plus répandus en Wallonie sont ceux dérivés de -ingen (venant du vieil allemand ingas), -heim (heima), -mal (malho), -berg et -hoven et -bach (baki).

Suffixes dans -ange, -agne, -gnée, -gny et -gnies

Chaque région de Wallonie a sa propre variante de la terminaison franque -ingen. Ce suffixe est généralement précédé du nom du chef local ou du fondateur du village. Par exemple, Bassenge vient de Bassingen, signifiant "propriété/dépendance de Basso", "terre de Basso" ou encore "Basso et ses gens/serviteurs".

La plupart des anciens noms germaniques n'existent plus, et leurs orthographes ont souvent été tellement modifiées par les francophones au fil du temps qu'il peut être très difficile de deviner leur nom original. Voici quelques exemples faciles: Gobertange (de Gobert), Gottignies (de Gotfried), Gougnies (de Gundo/Gundar), Guignies (de Guy), Libertange (de Libert), Otrange (de Walter), Rubignies (de Robert) ... Des endroits comme Bouvignes, Bouvignies, Bovigny et Buvingen (en Limbourg) ont tous la même racine "Bovo + ingen". Bodange et Bodegnée pourraient venir de "Baldo" (Baudouin), tandis qu'Odeigne et Ottignies viendraient de "Otto".

Il y a peut-être certains noms d'origine gallo-romaine, notamment Matagne et Malagne, qui ont une consonance plus latine et où l'on a découvert des villas gallo-romaines. La latinisation de l'allemand -ingen en -iacus à l'époque mérovingienne (qui a commencé pendant la période romaine) rend très difficile la différentiation entre les noms d'origines franque et gallo-romaine. En règle générale, les noms commençant par "Ber", "Bo", "Br", "Go", "H", "Op" "Ot", "Ra", "St", "Th", "Tr", "W" et "X" sont susceptibles d'être germaniques, tandis que ceux commençant par "C", "Fl", "J" ou "Na" sont latins.

Motifs géographiques

Dans les provinces du Brabant wallon et du Hainaut (ainsi qu'en Flandre française), la terminaison en -ingen fut latinisé comme -gnies (ou parfois -gies, -chies ou -sies - voir ci-dessous) par inversions des deux syllabes et latinisation du pluriel germanique -en par -es. Dans les provinces de Liège et de Namur, -ingen est devenu -gnée ou -agne (les deux étant des évolutions de -aigne ou -eigne). La variante -gny se trouve sporadiquement autour de la vallée de la Meuse et le long de la frontière luxembourgeoise. Beaucoup de noms dans et autour du Luxembourg ont le suffixe -ange. Dans le centre et l'est du Luxembourg et dans la région limitrophe de l'Allemagne, les noms de lieux passent soudainement au suffixe -ingen.

Les noms en -agne sont intermédiaires entre -ange et -gnée et se retrouvent presque uniquement entre Liège, Namur, Dinant et Durbuy. Il y a deux cas de noms flamands en -ingen traduits par -enge sur la zone bilingue de la frontière linguistique: Rukkelingen (Roclenge) et Bitsingen (Bassenge).

Les villages situés entre ces régions sont connus pour avoir décalé l'orthographe au fil du temps, confirmant l'interchangeabilité de ces suffixes. Par exemple, sur les cartes des 16ème et 17ème siècles de nombreux endroits à la limite des comtés de Namur et Hainaut étaient orthographiés avec -gnies au lieu de -gnée (par exemple Boignée était Boegnies), -gny au lieu de -gnée (Wagnée était Wagny) ou -gny au lieu de -gnies (Soignies était Soignÿ). L'orthographe -gnée semble être la plus récente francisation. Tous ne dérivent pas de -ingen cependant; Montegnée était appellé Montenaken jusqu'au 13ème siècle, donc pourrait avoir des racines latines (Aken est le nom néerlandais d'Aix-la-Chapelle, dérivé du latin Aquis).

Évolutions historiques

Les cartes du début du 17ème siècle montrent que les noms dans -ange autour du Luxembourg étaient à l'origine épelés - ingen, inge, -ing, et dans certains cas -enge (mais jamais -ange). La première orthographe apparaît dans la seconde moitié du 17ème siècle, ce qui coïncide avec la campagne d'expansion de Louis XIV aux Pays-Bas méridionaux. La région de Thionville, qui faisait autrefois partie du duché de Luxembourg et est riche en suffixes -anges, fut annexée à la France en 1659. L'administration française est susceptible d'être responsable du changement en -ange. La forte influence culturelle de la France sous Louis XIV a probablement incité les parties francophones du Luxembourg à faire de même.

Il n'y a qu'une poignée de cas d'adaptations en -ange en dehors du duché de Luxembourg - tous dans la région de la Hesbaye. Lantremage était appellé Landermenges en 1130, Otrange était Wotrenges en 1250, Tihange était Teheigne dans les années 1500. Havelange était déjà connu sous le nom de Hafflangia ou Hasflangia au 11ème siècle, donc il doit avoir été le premier à utiliser le suffixe -ange (sauf si elle a une origine différente).

L'orthographe de la Renaissance de -agne était constamment -aigne (Falmaigne, Jamaigne, Remaigne, etc.). Un affluent de la Meuse près de Huy est appelé la Mehaigne. Le château médiéval de Moha fut construit au sommet de la Mehaigne. Le nom médiéval de Moha était Mouha, et le nom wallon de la rivière est toujours Mouhagne. Moha étant un comté avec une histoire remontant à l'époque carolingienne, il est probable que la rivière fut nommée d'après le château/comté plutôt que l'inverse. La terminaison germanique -ingen signifiant «appartenant à», Mehaigne signifiait à l'origine «appartenance à Moha». Ceci est encore une autre preuve de l'origine germanique du suffixe -agne.

Bouvignes-sur-Meuse, le siège d'un comté médiéval près de Dinant, était orthographié Bouingne sur une carte de 1584. Une simple inversion de la terminaison -ne en -en donne un mot à consonance beaucoup plus allemand: Bovingen ("v" est toujours orthographié "u" sur vieilles cartes). Le fait qu'il y ait un Bövingen près de Cologne et un Buvingen dans la province du Limbourg attestent de l'origine franque du nom.

D'autres noms ont évolué de manière plus unique. Trognée était Trudignie en 1124. Certains ont perdu tout signe de leur origine -ingen, comme Crisnée, qui était appellée Crestengneies ou Crestegnies à la fin du Moyen Age, ou Soheit qui était Sohaing en 1313. Il y a aussi des exceptions; Soignies a probablement une étymologie celtique (voir en bas de cette page) et ne correspond donc pas aux autres -gnies. Terwagne dérive de Teruonia (mentionné vers 815), ce qui suggère fortement une origine gallo-romaine.

  • -agne : Awagne, Falmagne, Jamagne, Malagne, Marlagne, Matagne, Offagne, Oppagne, Remagne, Somagne, Soumagne, Terwagne
  • -ange : Aubange, Bébange, Bodange, Bullange (Büllingen), Buvange, Freylange, Gobertange, Grumelange, Havelange, Hollange, Hondelange, Libertange, Louvrange, Lutremange, Martelange, Nomerange, Otrange, Radelange, Sélange, Tihange, Tintange, Tontelange, Turpange, Udange, Wolkrange
  • -gnée : Baugnée, Beignée, Betgné, Bodegnée, Boignée, Evegnée, Grivegnée, Hautgnée, Hoignée, Magnée, Montegnée, Rognée, Trognée, Wagnée
  • -gny : Blegny, Bovigny, Hardigny, Ligny, Montigny, Petigny, Rettigny, Sterpigny, Sugny, Tavigny, Tintigny, Upigny
  • -gnies : Audregnies, Battignies, Baugnies, Bettignies, Bougnies, Bouvignies, Blaregnies, Braquegnies, Dottignies, Ellignies-les-Frasnes, Ellignies-Sainte-Anne, Evregnies, Gondregnies, Gottignies, Goegnies, Gougnies, Guignies, Hacquegnies, Harmignies, Hargnies, Heppignies, Herquegnies, Huissignies, Louvignies, Mevergnies, Momignies, Montignies-Saint-Christophe, Montignies-sur-Roc, Montignies-sur-Sambre, Oignies, Ollignies, Ormeignies, Ottignies, Papignies, Patignies, Ragnies, Ramegnies, Ramegnies-Chin, Rosseignies, Rubignies, Taintignies, Trahegnies, Trazegnies, Vaudignies, Vergnies, Waudignies, Warquignies
  • other related suffixes : Bassenge, Bourseigne, Bouvignes, Deigné, Houveigne, Louveigne, Odeigne, Roclenge, Treignes

Regardez les noms de lieux wallons se terminant par -ange, -agne, -gnée, -gny and -gnies sur une plus grande carte

Suffixes en -zée, -sée, -sies, -gies and -chies

Ces suffixes sont aussi généralement des latinisations de la terminaison franque -ingen (voir ci-dessus), bien qu'il ne puisse être exclu qu'ils dérivent du plus ancien suffixe gallo-romain -iacas ou -acas (utilisé de la même manière que -ingen, d'où la possible confusion). Les terminaisons -zée et -sies pourrait être considérée comme l'équivalent du flamand -zen trouvé dans la province du Limbourg. Tout comme pour les suffixes -gnies et -gnée, il y a une nette division est-ouest se rejoignant dans la région de Charleroi. Les -chies et -gies se trouvent dans la province occidentale du Hainaut (ancien comté de Hainaut), tandis que la -zée s'étendent de l'est du Hainaut jusqu'à Liège (dans l'ancien comté de Namur et au cœur de la principauté de Liège). Les orthographes médiévales tardives de -sée et -zée étaient typiquement -cheies ou -seies.

  • -chies, -sies : Aubechies, Forchies, Fourbechies, Harchies, Hensies, Herchies, Imbrechies, Liberchies, Robechies, Thieusies
  • -gies : Amougies, Eugies, Obigies, Ringies, Thimougies
  • -zé(e), -sée : Berzée, Borzée, Forzée, Eghezée, Erezée, Forzée, Gomezée, Gomzé, Gozée, Harzé, Hepsée, Lamontzée, Lonzée, Mazée, Moressée, Omezée, Ramezée, Rabosée, Romsée, Somzée, Warzée, Witterzée

Cliquez ici pour voir la carte de répartition des endroits en --zée, -sée, -sies, -gies and -chies

Suffixes en -(h)ain, -han, -hen, -(h)em, -hin and -ghien

Ce sont les variantes wallonnes de la terminaison allemande -heim. Bovenkom en flamand est Beauvechain en français (dérivé de Bovekheim ou Bovekhem). Le "k" germanique fut latinisé en "c" et le "ch" en résultat fut prononcé comme un "ch" en français ou lieu de séparé les sons "k" and "h". Le suffixe -ghien se trouve dans le nord du Hainaut et pourrait être lié au suffixe -inghem courant dans le Nord-Pas-de-Calais et au suffixe -ingham de l'est de l'Angleterre, provenant du vieil Allemand ingaheim (probablement d'origine frisonne ou saxonne). La terminaison -han se trouve dans les Ardennes, notamment autour de Bouillon et Durbuy et pourrait provenir du vieil allemand hamma signifie «prairie humide». Les autres sont principalement en Hesbaye (à peu près entre Bruxelles, Namur et Liège). Houtaing était autrefois orthographié Houthain et vient de Houtheim. Houtain-l'Evêque est Waalshoutem en flamand. Lanquesaint vient de "Alingas haim" (maison d'Aling).

  • -(h)ain, -hin : Beauvechain, Bihain, Bilstain, Gottechain, Haulchin, Hertain, Houtaing, Houtain-le-Mont, Houtain-l'Evêque, Houtain-le-Val, Houtain-Saint-Siméon, Lanquesaint, Lantin, Nelhain, Ochain, Ohain, Ophain, Rechain, Thieulain, Walhain, Wannehain.

  • -han : Bohan, Dohan, Frahan (2x), Han (3x), Han-sur-Lesse, Marbehan, Mortehan, Poupehan
  • -hen, -(h)em(me) : Blehen, Crehen, Corswarem, Dalhem, Houthem, Neerheylissem, Opheylissem, Vottem, Waremme
  • -ghien : Enghien, Ghislenghien, Oeudeghien, Petit-Enghien

Voici quelques exemples d'évolution depuis le Moyen Age.

  • Bende => dérivé de Bainam (en 862)
  • Blehen => de Blochem (15ème siècle)
  • Crehen => de Crehain
  • Dalhem => de Taleheim (en 936)
  • Dréhance => de Adrehan (16ème siècle)
  • Enghien => de Adengien (en 1092)
  • Ghislenghien de Gislengem (en 1150)
  • Horion => de Hurionem (en 862)
  • Houtain => de Holthem (en 976)
  • Lantin => de Lanthin (en 1141)
  • Manaihant => de Manehan (en 1568)
  • Moha => probablement de Mosheim
  • Mouhin => de Muxhin
  • Ochain => de Oxhem
  • Waremme => de Warheim

Cliquez ici pour voir la carte de répartition des endroits en -(h)ain, -han, -hen, -(h)em, -hin and -ghien

Suffixes en -mal(le), -rode/roux/raedt, -court and -mont

Le suffixe -mal(le) ou -mael est la version wallonne de la terminaison néerlandaise -maal, courante dans la province du Limbourg (Hesbaye flamande). Il est également limité à la région de Hesbaye. Linsmeau était appellé Linsemael ou Lismale jusqu'au 15ème siècle. Autour de Liège, les noms néerlandais dans -rode/rooi ont évolué vers -roux ou -raedt (-rath dans la région germanophone).

Une particularité de la Wallonie sont ses noms hybrides mêlant des éléments germaniques et latins. La plupart des noms se terminant par -mont (du latin "montis") et en -court ou -cour (du latin "curia") tombent dans cette catégorie, et sont l'équivalent du flamand -berg(en) et -hove(n). Près de la frontière linguistique, il est courant de traduire les suffixes "-mont" et "-court" par les équivalents germaniques "-berg" et "-hoven" ou vice versa (par exemple Bergen = Mons, Geraardsbergen = Grammont, Bettincourt = Bettenhoven, Racour = Raatshoven, Gossoncourt = Gutschoven).

Les noms en cour sont les plus répandus autour de Liège, Tournai et Arlon. Ce sont toutes des régions limitrophes des régions néerlandophones ou germanophones, il est donc raisonnable de penser que toutes les régions sont des francisations médiévales tardives de -hoven. Pour illustrer combien de noms ont muté au fil du temps, Racour/Raatshoven s'appelait Radulphi-curtis (Rodolph-cour) vers le 11ème siècle.

La différence de relief entre la Flandre et la Wallonie explique pourquoi les -mont sont beaucoup plus fréquents que ceux en -berg. La plpart des noms en -berg se trouvent entre le Brabant flamand (la partie la plus vallonnée de la Flandre) jusqu'à la Campine (est de la province d'Anvers et nord du Limbourg). Les noms en -mont sont les plus courants dans l'est de la Wallonie - la partie la plus accidentée du pays. Au niveau de la Belgique, il y a un dégradé d'est en ouest dans la fréquence des noms en -mont et -berg qui reflète la topographie du pays.

  • -mal(le), -mael, -meau : Bomal, Emael, Flémalle, Fumal, Hermalle-sous-Argenteau, Hermalle-sous-Huy, Lamalle, Linsmeau, Momalle, Omal, Xhendremael
  • -roux/raedt : Hombroux, Meyerode, Mortroux, Velroux, Voroux, Waroux, Wallerode, Welkenraedt
  • -court : Arloncourt, Battincourt, Bettincourt, Bizencourt, Dampicourt, Gossoncourt, Haccourt, Harnoncourt, Incourt, Marcourt, Mourcourt, Rachecourt, Racour, Remicourt, Rocourt, Roucourt, Salvacourt, Seviscourt, Thoricourt, Walcourt, Wadelincourt, Wicourt, Willancourt.
  • -mont : Agimont, Amcomont, Andrimont, Arimont, Béemont, Beharmont, Bernimont, Blaimont, Borgoumont, Bougnimont, Egbomont, Fernelmont, Framont, Franchimont (= "Mount Frankar"), Gétrimont, Harduémont, Hargimont, Heilrimont, Hénumont, Herbaimont, Herbeumont, Hériamont, Hevremont, Hottomont (= "Mount Otto"), Houdremont, Houmont, Hoyemont, Hubermont (= "Mount Hubert"), Jevoumont, Lambermont ("Mount Lambert"), Libomont, Limont, Mormont, Mornimont, Nimbermont, Nisramont, Odrimont, Ollomont, Orchimont, Rancimont, Reharmont, Renaumont (= "Mount Renault"), Robelmont ("Mount Robert"), Roumont, Scourmont, Sprimont, Stoumont, Straimont, Tancrémont. Thiaumont, Thirimont ("Mount Thierry" or "Mount Theoderic"), Traimont, Ucimont, Vecmont, Vencimont, Vinalmont, Waasmont, Wavremont, Wavreumont, Wégimont, Werbomont, Wideumont, Withimont, Xaimont.

Cliquez ici pour voir la carte de répartition des endroits en -mal(le) and -court

Suffixes en -becq, -bais and -baix

Ce sont les équivalents wallons de "-beke" ou "-beek" flamande, dérivant du vieil allemand baki (ruisseau, petite rivière), qui a donné "Bach" en allemand moderne et "beck" en anglais. Les trois formes latinisées se trouvent le long de la frontière ouest de la Wallonie et de la Flandre. Les noms en -bais sont typiques du Brabant wallon, tandis que les deux autres se trouvent dans le Hainaut belge et français et la Flandre française. Notez qu'un affluent de la Meuse près de Dinant s'appelle le Bocq (anciennement Boch), qui dérive évidemment de la même racine.

  • -bais : Corbais, Glabais, Herbais, Marbais, Nodebais, Opprebais, Perbais, Pietrebais, Thorembais
  • -baix : Marbaix, Molenbaix, Moulbaix, Obaix, Rebaix
  • -becq : Clabecq, Flobecq, Gibecq, Hellebecq, Rebecq, Wannebecq, Wisbecq, Wodecq

Regardez les noms de lieux wallons se terminant par -becq, -bais or -baix sur une plus grande carte.

Noms avec "xh" et suffixes dans -ster et -effe/-affe/-ave

La région autour de Liège est typique pour ses noms germaniques utilisant un "xh", très rare autre part, et des noms se terminant par -ster. Les -ster qui, selon toute vraisemblance, dérivent du nom franc munster, signifiant "monastère", sont particulièrement répandus autour de Verviers, dans l'ancien duché de Limbourg. Le "xh" est le dialecte liégeois qui rend le "ch" allemand ou juste le "h" (qui est par ailleurs silencieux en français) et qui était écrit "sc" ou "sch" à la fin du Moyen Age.

Le suffixe -effe/-affe/-ave vient du mot germanique ahwjo ou ahhja (rendu comme avia ou evia en latin) signifiant champ humide ou prairie humide. Modave était écrit Modef ou Modeffe jusqu'au 18ème siècle. Bauffe dérive de Baaphyium (dans un texte de 1119) ou de Bafia (1140). La plus ancienne forme connue d'un nom en -effe est Honavi (actuellement Haneffe) en 911. Waleffe fut latinisé en Vetus Walevia en 1050. Ceci confirme le lien entre les suffixes - effe et -ave. Le village jumeau d'Ave-et-Auffe s'appelait Harfia en 934 et Affe en 1531.

Le nom médiéval de Kermexhe était Comafia (en 1107), et pourrait donc aussi bien avoir évolué en Cormaffe ou Comeffe (à la même époque Marneffe s'appelait Marneffia, Maffe et Meffe s'appelaient tous les deux Mafia, Bauffe était Bafia, Jeneffe était Cheneffia, etc.). Befve et Paifve sont les seuls noms qui mélangent f et v. Escanaffles a la même racine, mais a ajouté un "l" et un "s".

Les variations modernes de l'orthographe sont en partie dues à la nécessité de différencier les lieux qui auraient autrement le même nom. Jeneffe s'appelait à l'origine Ayneffe, ce qui peut facilement être confondu avec Aineffe ou Haneffe (de plus il y a deux Jeneffe, donc il y aurait eu quatre villages avec un nom similaire). Beffe et Befve sont prononcés de la même manière, mais au moins sont orthographiés différemment. Meeffe et Maffe étaient autrefois tous les deux Maffe. Le cas le plus extrême de différenciation est Affé, qui donne un nom légèrement différent aux deux hameaux formant le village: Ave et Auffe.

  • -xh- : Anixhe, Cerexhe, Chanxhe, Fexhe, Gleixhe, Grand-Axhe, Kemexhe, Lexhy, Lixhe, Moxhe, Outrelouxhe, Petit-Axhe, Spixhe, Trixhe, Xhendelesse, Xhendremael, Xheneumont, Xhenorie, Xhierfomont, Xhignesse, Xhoffraix, Xhoris, Xhos
  • -ster : Bernister, Bovenistier, Colonster, Commanster, Herbiester, Hodister, Jehanster, Magoster, Niaster, Oster, Pepinster, Solwaster, Surister, Thimister
  • -(e)ffe, -affe, -ave : Auffe, Ave, Aineffe, Bauffe, Beffe, Befve, Boneffe, Dave, Eprave, Escanaffles, Fenffe, Floreffe, Haneffe, Jeneffe (2x), Laneffe, Leffe, Maffe, Marneffe, Meeffe, Modave, Neffe, Paifve, Seneffe, Sombreffe, Stave, Waleffe

Visualiez les noms de lieux wallons avec des "xh" et se terminant par -ster et -effe sur une plus grande carte

Préfixes en War-, Wa- and W-

Les noms commençant par "W" sont assez répandus dans toute la Wallonie et indiquent une origine germanique et probablement franque. Les noms des langues latines et romanes n'ont pas normalement la lettre "w". En outre, la prononciation de "w" en français belge est la même qu'en anglais et en néerlandais, contrairement à la France où les gens le prononcent comme un "v", ce qui confirmerait une parenté avec les langues franques ou saxonnes. Il y a un nombre surprenant de noms commençant par War-.

Quelques noms commençant par Wé s'écrivaient Hué à la Renaissance (par exemple Wépion était Huépion). Il est possible que plusieurs des noms en W en Wallonie proviennent de noms germaniques commençant par H-, mais transformés en W- une fois que le latin et/ou l'ancien français ont commencé à remplacer le francique comme langue principale de la région. Le préfix War- pourrait être une corruption de Her-, qui a survécu dans quelques endroits près de Liège (Herstal, Hermalle). De la même manière, beaucoup de "h" ou "ch" ont été convertis en xh exactement dans la même région, mais jamais pour les noms commençant par Her- (voir ci-dessus).

  • War- : Warchin, Warcoing, Wardin, Warelles, Waremme, Warempage, Waret, Warfusée, Warisoulx, Warmes, Warmifontaine, Warnaffe, Warnant, Warneton, Waroux, Warquignies, Warsage, Wartet, Warzée
  • Wa- : Wagnée, Wagnelée, Waha, Waharday, Waillet, Waillimont, Waimes, Waleffe, Walhain, Wallay, Walle, Waloppe, Walwecq, Walzin, Waltzing, Wancennes, Wandebourcy, Wandre, Wangenies, Wanghe, Wanlin, Wanne, Wannebecq, Wanneranval, Wansin, Wansineaux, Wanze, Wanzele, Wanzoul, Wasmes, Wasmuel, Wasseiges, Wastia, Wastine, Wastinne, Waterloo, Wattimez, Wattripont, Wavre, Wavreille, Wavremont, Waya, Wayaux
  • W- : Waudignies, Waudrez, Waulsort, Waysoul, Weillen, Wégimont, Wegnez, Wellin, Wenin, W(u)ébay, Wépion, Werbomont, Werhai, Wéris, Werpin, Wesche, Wespin, Weyler, Wez, Wibrin, Wicourt, Wideumont, Wideux, Wiers, Wiesme, Wignée, Wiheries, Wihogne, Willaupuis, Willemeau, Willerzie, Willine, Winaugne, Winenne, Withimont, Wodecq, Wodon, Wolkrange, Wonck, Wyart

Cliquez pour voir la carte de distribution

Autres suffixes germaniques

  • -bourg : Carlsbourg, Embourg, Estaimbourg, Hombourg, Limbourg, Marienbourg, Masbourg, Obourg
    => Du mot germanique "burg" (ville fortifiée).

  • -oz : Berloz, Curfoz, Furfooz, Ivoz, Onoz, Trooz
    => Latinisation de noms germaniques (Baerle...)
  • -sche : Aische, Doische, Pesche.
    => Probablement d'origine germanique. Aische est une romanisation du nom de lieu allemand "Esch" (particulièrement courant au Luxembourg).

  • -tal : Herbestal, Herstal
    => de l'allemand -tal (vallée).

  • -ton : Borton, Burton, Ermeton, Hermeton, Hotton (formerly Hotten), Septon, Virton, Warneton
    => Pourrait être lié à la terminaison germanique -tun (a), qui devint -ton en Angleterre. Warneton est mentionné comme Warnasthum en 1007.

  • -we(l)z : Morlanwelz, Irchonwelz, Noduwez, Peruwelz
    => Peut-être lié à l'allemand -wiltz ou du mot wallon pour "gué".

  • Autres noms germaniques

    D'autres noms germaniques typiques de Wallonie comprennent: Ans, Awans, Bierwart, Bolland, Geer, Harveng, Hayen, Herstal, Herstappe, Leers, Liers, Melen, Merdorp, Mirwart, Moha, Orcq, Ortho, Oteppe, Pecq, Presgaux, Roeulx, Reng, Sensenruth, Stambruges, Strud (autrefois Hestrud), Tilff, Vielsalm (anciennement Salm), ... Quelques noms incluent le mot allemand Heide (lande), comme Chevrouheid, Ernonheid, Heyd et Ohey.

    Notez qu'aucun des noms ci-dessus n'appartient à la région germanophone de Wallonie, où presque tous les noms sont allemands. Voici quelques noms qui ne semblent pas très germaniques de nos jours, mais qui l'étaient clairement à l'époque médiévale.

    • Anvaing => de Anuinio ("Anwin", en 1105), Anuen (en 1125)
    • Autreppe => de Altrapja
    • Beauraing => de Bierant (en 873)
    • Berloz => de Baerle (en 1099)
    • Binche => Bing (en flamand)
    • Fallais => de Fels (falaise)
    • Fromiée => de Frawengie (en 1227)
    • Grâce => de Graz (1181)
    • Hannêche => de Hanech or Hannesche
    • Hornu => de Hornja
    • Housse => formerly Hus (maison)
    • Hymiée => de Umingnées (en 1289)
    • Marche => de Marka (marche, frontière)
    • Naomé => originally named Aldemega (8e siècle)
    • Roeulx, Roux => tous les deux de Rode

    Noms latins en Wallonie

    Il n'y avait qu'une poignée de villes romaines en Belgique. Le nom de la moitié d'entre elles fut complètement changé. La région du Condroz et de la Hesbaye comptait néanmoins beaucoup de villas romaines (c'est-à-dire des exploitations agricoles), qui ont donné leur nom à de nombreux villages modernes. Ce qui suit est basé sur des études d'historiens et de généalogistes belges, bien que peu de ces exemples soient connus avec certitude. Les grandes colonies romaines avaient généralement des noms en -acum, qui ont été transformé en -ai (comme à Tournai), -ay (comme à Bavay), -aye (par exemple Lanaye), -ey (par exemple Ciney) ou -et (par exemple Souvret).

    Cliquez pour voir la carte des villes, des villas et des tumulus gallo-romains en Belgique

    • Anthisnes => Vient de la villa d'Anteus
    • Antoing => de Antonium (villa d'Antonius)
    • Attre => de Attrium
    • Awirs => de Auguria
    • Aywaille => de Aqualia (nom latin mentionné en 1088)
    • Basècles => de Basilicas
    • Beloeuil => de Bailluel (en 1187), finalement de baculiolum (palissade)
    • Chastre => de Castrum
    • Chievres => de cervia (en 877; "cerf")
    • Chokier => de Calchariae (en 1086)
    • Ciney => de Ceuniacum (11ème siècle)
    • Comblain => de Comblenz (XIIe siècle), finalement du latin confluens (rivières Ourthe et Amblève)
    • Cortil => de Curtils
    • Conneux => de Colnidum (en 956)
    • Coutisse => de culticia (terres cultivées)
    • Donceel => de Domus Cyrici
    • Elouges => de Slogia ou Logia (10ème et 11ème siècle)
    • Epinois => de Villa Spinedo (en 866)
    • Farcienne => de Farciana (nom d'une villa gallo-romaine)
    • Fontenoy => de fontanetum (fontaines)
    • Fraipont => de fractam pontem (10ème siècle, "pont cassé")
    • Gembloux => de Geminiacum (environ 300, propriété de Gemellus)
    • Gerpinnes => Gerpinia (en 1000)
    • Gesves => de Gengeavia (ensuite Geavia)
    • Gimnée => de Geminiacum (en 816, propriété de Gimnius)
    • Houffalize => de Altafalesia (en 1147, haute falaise - pourrait aussi être de l'allemand "Hochfels")
    • Jupille => de Joppilia (en 687)
    • Juprelle => de Jupilella (en 1147)
    • Lanaye => de Liniacum (en 966)
    • Leignon => de Leniore (dans 746)
    • Lisogne => de Lindsonia (villa de Liudiso)
    • Loncien => de Luncin (en 863), probablement de Lonceius
    • Marchienne => de Marcianas (appartenant à Marcius)
    • Monceau => de Monticellus (monticule)
    • Oreye => de Urbis (en 965)
    • Pellaines => de Pellonie (en 1060)
    • Perwez => de Petrosum Vadum ("ford pierreux")
    • Piéton => de Trans fluvium Pintun (en 866 "village de l'autre côté de la rivière")
    • Pommeroeul => de pomariolus (verger de pommiers)
    • Popuelles => de Popiola (en 1119)
    • Presles => de Pratella ("champ")
    • Quevaucamps => de de Equicampo (en 1184, "champ de chevaux")
    • Retinne => de Retinas (en 847)
    • Serinchamps => de Serianus Campus (en 1034)
    • Schaltin => de Caldina (en 745)
    • Souvret => de Superiacum
    • Strepy => de Stirpiacum (domaine de Stirpius)
    • Strée => de strata ("route", car c'était sur la route romaine de Bavay)
    • Tavier => de Tavernas (en 814; "boutique", "stand")
    • Velaine (s) => de Velana (domaine de Velanus)
    • Vellereille-les-Bailleux => de Velerella braiosa (en 1174), dérivé du latin villarella bracosa (ferme marécageuse)
    • Visé => de Viosatum, Visatum, Visetum (7ème siècle)
    • Vissoul => de Vicus ou Vicellus

    Noms finissant par -elles, -enne(s), -inne(s), -tin and -tinne

    La province de Namur est caractérisée par les suffixes -inne et -enne, tandis que celles orthographiées -innes, -ennes et -elles se trouvent généralement dans le Hainaut. Les noms se terminant par -tinne ou -tin sont encore plus spécifiques et ne se trouvent que dans la région du Condroz entre Namur, Dinant et Ciney. L'origine provient généralement du suffixe latin -inas, qui signifie «propriété de». La région de Namur a été fortement colonisée par les Romains comme en témoignent les nombreux vestiges de villas gallo-romaines (=>voir la liste des villas gallo-romaines en Belgique).

    • -enne(s) : Andenne, Arquennes, Avenne, Awenne, Corenne, Farcienne, Favence, Felenne, Florennes, Froyennes, Havenne, Landenne, Marchienne, Marenne, Rancennes, Romedenne, Rostenne, Tarcienne, Wancennes, Winenne
    • elle(s) : Bruyelle, Celles (2x), Nouvelles, Popuelles
    • inne(s) : Berlacominne, Besinne, Bonnine, Burdinne, Comines, Dorinne, Emines, Erquelinnes, Estinnes, Flawinne, Gedinne, Gerpinnes, Godinne, Gourdinne, Hanzinne, Havinnes, Hubinne, Lamine, Lessines, Marsinne, Nalinnes, Naninne, Ronchinne, Salzinnes, Sorinne, Sorinnes, Tamines, Thines, Tongrinne, Tourinne, Tourinnes-Saint-Lambert, Transinne, Wastines
    • -tin(ne) : Custinne, Emptinne, Lustin, Gentinnes, Gramptinne, Haltinne, Hemptinne, Latinne, Nettinne, Retinne, Schaltin, Spontin, Wastinne.

    Visualisez les noms de lieux wallons se terminant par -inne(s) and -enne(s) sur une plus grande carte

    Suffixes en -ogne

    Ce suffixe vient du latin -onia (par exemple Nassonia => Nassogne), signifiant à peu près «propriété de» (just -inas et -acum). Certains noms peuvent également descendre du gaulois -onna, normalement rendue comme -onne ou -on. Jusqu'au 18ème siècle l'orthographe traditionnelle de -ogne était -oigne. Il n'a survécu qu'à Seloignes, Loupoigne et Jodoigne (qui sont néanmoins prononcées -ogne). Comme toujours les noms ont muté avec le temps (Chevetogne fut mentionné comme Caventonia en 956), bien que les noms latins tendent à être mieux préservés que les noms germaniques en Wallonie. La plupart des suffixes en -ogne sont situés dans la moitié sud des provinces de Namur et de Liège. Bastogne est traduit comme Bastenaken, et Jodoigne comme Geldenaken en néerlandais, conformément à l'origine latine (voir -aken ci-dessus). Les noms dans -oing sont des corruptions de -oigne (par exemple Antoing, Warcoing) et rentrent dans la même catégorie.

    • -ogne : Antoing, Bastogne, Bertogne, Chenogne, Chevetogne, Comogne, Fologne, Hogne, Hollogne, Huccorgne, Jassogne, Jodoigne, Lissogne, Loupoigne, Malonne (formerly Malogne), Nassogne, Ossogne, Recogne, Seloignes, Tohogne, Warcoing, Wihogne

    Noms celtiques en Wallonie

    Il pourrait y avoir beaucoup plus de noms celtes que nous le savons. Une raison est que ces noms sont les plus anciens, et donc les plus susceptibles d'avoir changé avec le temps. Une autre raison est que peu de textes ont survécu dans l'ancienne langue (celtique) gauloise, donc le vocabulaire connu est limité.

    • Alleur => de Allodurum (alos=étrangers, durum=fort)
    • Baudour => de duron (lieu fortifié)
    • Bièvre => de bebros
    • Bioux => de Biurtus (en 935), de bigorto (enceinte)
    • Braine => de Brennus (chef Nervien local) ou bragona (rivière boueuse)
    • Calonne => de cal- (pierre)
    • Cambron => de cambo (courbe)
    • Dinant => de Deonanti (7ème siècle), de divo (divin, sacré) + nant (vallée)
    • Dorinne, Durnal => de duron (petit fort)
    • Dour => de duron (lieu fortifié)
    • Durbuy => de bodio (cabane, habitation)
    • Glons => de Gladons (en 1034), de gladunnum (enceinte fortifiée)
    • Isières => de Eis- (violent) et -erna (utilisé dans les noms de rivières)
    • Namur => de Namuco (propriété de Namo) ou nemo (ciel, lieu sacré) ou de nam/nem (courbe)
    • Ombret => de Umbracum (le préfixe Umbr- est typique des noms celtiques, bien que -acum soit latin)
    • Péronnes => de Perona (en 1108, propriété de Perros)
    • Tongre-Notre-Dame, Tongre-Saint-Martin, Tongrinne, Tongres: de la Tungri (tribu belge)
    • Soignies => de sagunnia (ville sur la Senne), plus tard latinisée en Sunnacum

    Carte récapitulative (simplifiée) des suffixes toponymiques répandus en Belgique

    Carte des suffixes toponymiques en Belgique

    Région germanophone de Wallonie

    Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne a cédé 854 km² de terres à la Belgique comme réparation de guerre. Ceux-ci sont connus sous le nom de Cantons de l'Est. Ils ont maintenant leur propre parlement germanophone pour les affaires éducatives et culturelles, bien qu'ils fassent partie de la Wallonie au niveau régional. Les noms dans la Communauté germanophone sont typiques de la région rhénane, qui, comme la Belgique et les Pays-Bas méridionaux, a évolué à partir de la province romaine de Germanie inférieure.

    Les vestiges de noms romains en Allemagne ont généralement le suffixe -ach (tout comme -aken en Flandre), sauf -bach qui est l'équivalent de la néerlandaise -beek. Cependant, aucun de ces noms ne se trouve dans les cantons de l'Est. Il y a un cas de -weiler, du latin villa. Kettenis vient du latin catinus qui signifie chaudron. Baelen a ses racines dans le latin bettulus (bouleau).

    Les noms germaniques sont assez simples, avec des suffixes tels que -heim (habitation), -ingen (appartenant à), -berg (mont), -burg (lieu fortifié), -feld (champ), -heid (bruyère), -kirche (église), -born (printemps), etc.

    Juste quelques noms ont été déformés assez avec le temps pour être digne de mention. Nidrum est une corruption de Niederheim (la mutation à -um rappelle celle de -om à Hesbaye). Lontzen et Montzen tombent dans la catégorie -heim/-iacum. Montzen était appelé Munzhic en 1075 et Muncheheim en 1225. La fin -ic correspond au -ke en Flandre, dérivé du latin -iacum. L'origine est probablement gallo-romaine, bien que les locuteurs allemands l'aient traduit en -heim. Seule l'évidence archéologique d'une présence romaine pourrait confirmer une origine gallo-romaine avec certitude (il en est de même pour les suffixes français -agne ou -chies, entre autres).

    Raeren vient de den Roidern (défrichement, terres récupérées), du vieux rotha qui a -rode et -rooi en Flandre et -roux et -sart en Wallonie. La terminaison allemande normale est -rath comme dans Hergenrath, Rabotrath, Rocherath, Lanzerath ou Berterath. On trouve quelques variantes dans les cantons de l'Est: Rodt, Rott, Rovert, Rowert et Welkenraedt (ce dernier est en réalité dans la zone francophone, mais juste à la limite).

    Copyright © 2004-2022 Eupedia.com Tous droits réservés.